samedi 16 février 2013

Tactiques de petit groupe - partie 2 (traduction)


[Septième article traduit depuis le site Everycitizenasoldier.org . J'ai eu un peu de mal avec certains termes, si vous connaissez des mots plus appropriés n'hésitez pas à me faire une remarque ; les images sont utilisées avec l'aimable autorisation de leur créateur - article précédent : Tactiques de petit groupe - partie 1]

ARTICLE ORIGINAL : More on Small Team Tactics

V. Lignes de visée superposées


 La culture western, films dans lesquels les gentils rangent leurs chariots en cercle et tirent vers l'extérieur sur les méchants, a donné une mauvaise conception de ce que sont les bonnes tactiques. Les stands de tir longilignes nous poussent à faire les mêmes erreurs. Pour parler simplement quand on est engagé dans un combat, surtout en position défensive, vous ne voulez pas tirer sur des cibles en face de vous, mais plutôt celles qui sont en face de vos coéquipiers, et vice versa. Nous vivons dans un monde fait d'angles, et jouer sur ce fait vous permet d'engager l'ennemi en prenant moins de risque.


Les soldats sur la figure A sont mal disposés. Ils sont surexposés à l'avant, permettant à l'ennemi de faire plus facilement des cartons. Ils ont aussi de nombreux trous dans leur champ de vue, s'exposant à être surpris par l'ennemi alors que c'est à faible distance que l'on peut faire le maximum de dégâts. De nombreuses armes ne sont pas pointées vers l'avant de la position. Il faudrait plus de personnel pour tenir celle-ci.


Ces soldats de la figure B sont bien déployés. Ils ne sont pas directement exposés à l'approche ennemi qui devrait s'arrêter et tirer en oblique pour les toucher. Plusieurs armes couvrent alors une grande partie du champ de vue à l'avant de la position.

________________
ARTICLE ORIGINAL : Yet More on Small Team Tactics

 VI. Qu'est-ce qu'un flanc ? 


 Le flanc, comme son nom l'indique, est le côté d'une position. N'importe quelle unité ne couvrant pas un périmètre à 360° est orienté dans une direction, et chaque sous-élément de cette unité couvrant 360° du champ de vision (tel un nid de mitrailleuse) sera orienté dans une direction particulière. Le flanc est donc la direction perpendiculaire à l'orientation de l'ennemi. Bien évidement, cela vaut mieux d'attaquer l'ennemi sur ses flancs, quelque soit la forme que prend l'attaque.

C'est aussi pourquoi les unités, quelque soit leur taille, sont divisées en deux ou trois éléments de manoeuvre.  Un de ces éléments, en rencontrant l'ennemi, procurera une base de feu pour clouer celui-ci sur place. L'autre élément ira chercher le flanc de l'ennemi en le contournant largement. Le côté choisi, gauche ou droite, dépend de l'ennemi, du terrain, des distances etc. S'il y a un troisième élément, il peut assister le premier élément, renforcer le second élément, protéger les arrières ou bien aller chercher l'autre flanc de l'ennemi.

 Vous devez vous rappeler qu'au même moment l'ennemi essaiera de faire la même chose sur vous ! L'attaque au flanc est la plus basique des tactiques militaires. Ce n'est pas la manoeuvre elle-même qui gagne le combat, c'est la compétence et la vitesse à laquelle la manoeuvre est effectuée.

 Dans la figure A ci-contre, une force de deux éléments vont rencontrer l'ennemi dans quelques instants. Les éléments de manoeuvre pourraient être constitutés d'équipe de trois soldats ou d'un groupe de 12 soldats. Quand enfin le contact se fait avec l'ennemi, le leader devra rapidement décider si l'ennemi peut être contré ou s'il faut sonner la retraite. Pour cet exemple nous dirons que l'ennemi semble être de force égale ou inférieure et qu'il est en embuscade improvisée.






Dans la figure B ci-contre le premier élément qui rencontre l'ennemi fait en sorte de contenir l'ennemi et de prendre le dessus. Cet élément se déplacera probablement en ligne, avec les armes "lourdes" au centre.
 Dans le même temps le second élément va s'éloigner de front par la gauche ou la droite puis va établir un autre front sur le flanc de l'ennemi. C'est une phase délicate car le second élément peut croiser d'autres ennemis si leur position est plus étendue que prévue ou s'ils choisissent aussi d'attaquer les flancs du même côté. Si cela se présente, les leaders devront décider de la marche à suivre en se basant sur les ressources à disposition.


 Quand l'élément attaquant au flanc est en position, il donnera un signal convenu à l'avance à l'élément contenant l'ennemi. Cela peut être de la fumée, une fusée, un sifflet etc. L'élément 1 sur la figure C ci-contre va empêcher la fuite de l'ennemi pendant que l'élément 2 part à l'assaut de la position ennemie en utilisant les tactiques individuelles.




 Après que la position ait été capturée, l'unité se recompose autour de l'objectif. En premier lieu, la sécurité doit être établie tout autour car il peut y avoir des forces ennemies dans les parages. Puis viennent d'autres priorités. Les munitions restantes doivent être réparties, les blessés secourus, les corps fouillés, les prisonniers contraints, les armes et les informations collectés, les ressources ne pouvant être portées détruites, faire le rapport à l'unité supérieure etc. Après cela l'unité peut enfin se remettre en marche pour sa mission originale, si la prise de position venant de se terminer n'était pas la mission en question.

 VII. Raids et embuscades


 Les raids et les embuscades ne sont pas vraiment des tactiques de bases et sortent du contexte de cette page-ci, mais j'ai voulu en dire deux mots. Premièrement, en quoi cela consiste-t-il ? Un raid est une attaque délibérée où vous choisissez l'heure et l'ennemi choisit le lieu. À l'inverse une embuscade est une attaque délibérée où vous choisissez le lieu mais pas l'heure exacte. Le secret de ces attaques est le déploiement rapide de toute la puissance de feu, de manière à gagner le dessus en terme de vitesse et de violence. Tous les principes et idées décrits dans cette page s'appliquent à ces attaques, notamment l'attaque au flanc et la superposition des lignes de visée.

 VIII. Environnement urbain


 La plupart des aspects tactiques dont nous avons discuté s'appliquent aussi à l'environnement urbain, mais il y a bien d'autres problèmes. Les combats urbains se déroulent à courte distance. Les villes offrent plus d'avantage aux défenseurs qu'aux attaquants. Les villes présentent plus de couvert et de protection. Une fois que vous avez les tactiques de bases, vous devez les transposer dans votre environnement si vous êtes en ville.

 IX. Armes spéciales


L'arme la plus commune dans l'arsenal du citoyen-soldat est probablement l'arme longue à canon rayée au calibre intermédiaire. Dans une armée moderne, un groupe de huit hommes aura probablement deux lance-grenades, deux fusils-mitrailleurs, peut-être une mitrailleuse et une carabine à lunette pour la moyenne distance. Il y aurait sûrement aussi des roquettes anti-char.

Vous devez avoir une idée de la manière dont ces armes sont utilisées en attaque ou en défense.

En défense, les mitrailleuses et fusils-mitrailleurs sont déployés généralement le long des points de passage ennemi les plus probables, avec une ligne de vue la plus large possible pour faire un maximum de dégâts. En attaque, ces armes sont déployées de manière à pourvoir du tir suppressif, pour immobiliser l'ennemi alors qu'il se fait attaquer par les flancs.

En défense, les armes à tir indirect (lances-grenades, mortiers) sont déployés pour couvrir les défilades. En attaque elles sont utilisées pour cibler les poches d'ennemis, notamment s'ils sont à couvert. 

En défense les lance-roquettes comme les RPG ou AT4 devraient être déployés le long des voies de communications. En attaque ils peuvent cibler des véhicules ou des positions renforcées telles un bunker.

 X. Comment cela s'intègre avec le reste du site ? 


 Jusqu'à maintenant j'ai évité de donner des informations pointues sur les tactiques. Une des raisons à cela est que ces informations sont disponibles sur Internet ou expliquées dans des livres. Ma page originale sur les principes tactiques s'applique à la gestion d'un large groupe, et déborde un peu sur la stratégie. Ensuite j'ai ajouté une page sur les tactiques individuelles, majoritairement inspiré des écrits d'autres personnes. J'ai décidé d'écrire cette page qui montre les méthodes tactiques les plus basiques. Les autres pages concernaient plutôt la philosophie et les principes tactiques. [...] Elles sont toutes à lire, mais cette page-ci est la seule où j'ai essayé de donner les bases de vraies méthodes tactiques. Toutes aussi importantes sont les pages sur la boucle OODA et la Triade du Combat. La boucle OODA est importante car même s'il est essentiel de suivre de bonnes tactiques, la vitesse à laquelle on les applique est déterminante pour l'issue du combat. La Triade met en perspective les mécaniques tactiques avec les compétences individuelles.

 XI. Etude approfondie et entraînement 


 Je viens de présenter les notions tactiques les plus basiques. Cependant, si vous vous en imprégnez et que vous les pratiquez, vous vous en sortirez bien mieux que la plupart des groupes non professionnels. Cette information vous permet de sortir de la bulle individuelle et de devenir efficace à plusieurs. En ce qui concerne les tactiques et les compétences du citoyen-soldat, j'ai foi dans les notions de bases.  Vous pouvez aisément pratiquer les formations de déplacement et les manœuvres de flanc avec un groupe de 4 à 8 personnes. Et si vous maîtrisez cela, le reste viendra facilement. Pour devenir compétent, vous devriez chacun votre tour faire les manœuvres avec des petits soldats en plastique. Ensuite vous répétez ça à l'extérieur, à petite échelle de manière à ce que tout le monde puisse se voir les uns les autres et que vous puissiez discuter des détails. Enfin éparpillez-vous et essayez de faire les manœuvres d'un seul trait.

Je vous suggère aussi la lecture des livres qui m'ont inspirés pour ces articles.

Tactical Reading List (traduction à venir)

Comment s'entraîner