jeudi 31 octobre 2013

Astuces tactiques partie 2 (traduction)


[Après six mois de pause, me revoilà derrière le clavier pour alimenter le blog. Cet article est la suite du précédent, il y a rien de transcendant mais c'est toujours bon de rappeler les bases. Il s'agit encore une fois d'une traduction, je ne suis pas l'auteur de l'article original dont le lien se trouve ci-dessous. Article précédent : Astuces tactiques partie 1 - Article suivant : D'utiles compétences]

ARTICLE ORIGINAL : Tactical Tips

5. Camouflage

De la toile de jute et une bombe de peinture permettent de camoufler l'équipement


Le camouflage est le meilleur ami du guérillero. Comme la plupart des ennemis qui vous ferons face vous surpasserons en nombre, puissance de feu et technologie, votre meilleure chance est de ne pas être vu. Beaucoup de gens pensent que cela implique de porter des ghillies, des vêtements camouflés et du maquillage. Cela peut être une bonne idée si vous habitez dans une zone très rurale, mais si vous pouvez vous fondre parmi les civils c'est mieux de faire ainsi. C'est le meilleur camouflage pour les guérilleros depuis l'aube des temps. Pour parvenir à cela il faut avoir un look passe-partout. J'aime les tons naturels, si vous associez ces tons vous pouvez avoir un camouflage décent en milieu forestier tout en pouvant aller au supermarché après avoir laissé votre équipement à l'abri. Ce qui est important, c'est de pouvoir passer d'un état à l'autre rapidement.

Si nécessaire, les vêtements civils aux tons naturels peuvent vite être transformés à l'aide de bombes de peintures, ou mieux en y attachant des bouts de toile de jute ou un matériau similaire. Mais en règle générale, l'équipement tactique (les choses qui vous empêchent de vous fondre dans la population) devrait être camouflé à l'avance avec de la peinture et de la toile de jute. Par exemple, j'aime avoir des armes à deux couleurs, du noir pour l'arme et du vert pour les accessoires. L'alternance de couleurs rend difficile à l'oeil humain la reconnaissance de la forme d'un fusil à partir d'une certaine distance, quand c'est disposé devant un fond hétérogène. Certaines personnes camouflent complètement leur arme et c'est mieux ainsi. Une autre astuce facile à mettre en oeuvre est d'avoir du filet de camouflage avec soi, pour s'en draper ou créer un couvert.

Our expanded page on camouflage


6. Mobilisation rapide


Le vieux concept de “minuteman” est difficile à mettre en application. Pensez-y… combien de temps cela vous prendrait-il de passer du sommeil profond à être prêt au combat ? Je me suis moi-même chronométré et je prends environ 20 minutes à me préparer de la tête aux pieds. Mais combien de temps cela devrait-il prendre ? Beaucoup de gens font en sorte d'avoir des chargeurs pré-remplis et d'avoir leur équipement à porter de main. Je n'aime pas garder des chargeurs remplis, en premier lieu parce que j'utilise différentes munitions pour l'entraînement et que je n'utiliserais pas les munitions d'entraînement si je me préparais au combat. Ce que je pense être une bonne idée, c'est de garder votre équipement de base rassemblé avec une boîte de munitions dans un contenant, ce sera suffisant. Je garde mon gilet, mon ceinturon, des vêtements et chaussures ainsi qu'une quantité décente de munitions (sur des clips, pas dans des chargeurs) dans un banal sac de sport. Je peux m'en saisir, prendre mon sac à dos et sortir mon arme du coffre, et je suis prêt à prendre la route.

7. Standardisation


Pendant mon passage à l'Armée, quand mon bataillon était en ordre de marche, vous pouviez vider les poches extérieures de chacun de nos sacs de campagne, vous trouviez la même chose. Chaque équipement était rangé de la même manière de manière à ce que les individus et le matériel étaient presque interchangeables. C'était vraiment un système générique. Cela apporte un énorme avantage, car en général cela n'a pas d'importance si vous prenez votre sac ou celui du voisin à la suite d'une attaque aérienne par exemple et quand un individu tombe au combat son équipement peut servir aux survivants.

Ce niveau de standardisation est quasiment impossible entre citoyens soldats. Nous achetons nos équipements à des dates et des magasins différents les uns des autres, nous avons nos propres préférences en ce qui concerne les armes et le budget. Je pense que c'est un domaine où vous devriez faire du mieux que vous le pouvez. Le premier point important est d'avoir une harmonie au niveau des munitions. Si tous les individus du groupe s'équipent avec un fusil d'assaut type AR ou AK/SKS, vous êtes mieux lotis que de nombreuses milices que j'ai vu sur le web. L'interchangeabilité des chargeurs serait un plus non négligeable. Le second point important serait que les consommables type piles, filtres etc soient standardisés. Enfin la dernière chose importante serait d'avoir une composition et une répartition standard des objets dans le sac tels que le kit de premiers soins.

8. Communications au combat 


Je fais ici référence à la communication "non-électrique" utilisée avant, pendant et juste après le contact avec l'ennemi. Les communications radio sont abordées dans la section "Compétences".

Une chose que tout groupe de citoyens soldats a besoin est un système de signaux visuels avec les mains et les bras. Il y a pas mal de bonnes pistes dans plusieurs des manuels listés dans la section bibliographie. Ces signes devraient être adapté à vos propres besoins et doivent être pratiqués souvent. Les signaux des mains et des bras sont une méthode de communication non-verbale qui vous permet de maintenir la discipline du silence lorsque vous voulez dire quelque chose à quelqu'un d'éloigné. Après avoir vu l'ensemble du message, chaque personne devrait dupliquer les signaux car la personne ayant lancé le message n'est pas forcément visible de tous. Ainsi l'information est disséminée rapidement.

Lors du contact avec l'ennemi la discipline du silence devient discutable, tous les individus qui ont besoin de l'information ne vont pas forcément voir la personne donnant le signal. Il y a des signaux de main pour le contact avec l'ennemi tels que "cessez le feu" et "retraite". Ce n'est pas pour maintenir la discipline du silence mais à cause du bruit assourdissant du combat qui peut empêcher toute communication verbale. Une autre astuce est de donner l'instruction en criant le plus fort possible. Chaque membre du groupe devrait répéter l'ordre immédiatement de la même manière. Les instructions verbales utilisées pendant le combat devraient être convenues à l'avance et surtout très courtes, des mots de code seraient une bonne idée.

Il y a aussi quelques trucs à moindre coût que vous pourriez utiliser pour améliorer la communication lors du combat. Le sifflet en est un. C'est une bonne idée d'avoir un sifflet d'urgence. La signification d'un ou de deux sifflements devrait être convenue à l'avance. Les fusées et fumigènes en sont d'autres, pouvant être utilisés  (les unes la nuit et les autres le jour) pour signaler un événement pendant le contact avec l'ennemi tels que "retraite" ou "flanquez à gauche". Encore une fois, la signification de chaque signal doit être bien assimilée avant le combat.

9. Opérations nocturnes


Les AVN et les patchs phosphorescents sont deux outils qui vont aideront de nuit


Traditionnellement, la nuit est l'amie du guérillero. Ce n'est pas vrai pour nous, pour plusieurs raisons. Premièrement, opérer de nuit, se faufiler dans les banlieues ou les bois et s'orienter est une chose complètement différente. C'est un domaine peu familier pour la plupart d'entre nous. Et s'entraîner à ce genre de situation peut vous amener pas mal d'ennuis si vous vous faites attraper. Comme pour beaucoup de choses dont j'ai parlé, la meilleure chose à faire est de sortir la nuit et de s'y essayer. Vous aurez peut-être besoin de le faire pendant une sortie camping ou même dans votre jardin avec un ami pour être tranquille, mais vous devez le faire.

Deuxièmement, si vous ne connaissez pas les performances indéniables des dispositifs de vision nocturne modernes, cela peut vous être fatal. En zappant quelques minutes sur les vidéos Youtube de la guerre en Irak, vous constaterez que la technologie moderne est très efficace. Tout d'abord, espérons ne jamais avoir à faire face à la technologie moderne. Mais vous devez savoir quelles sont ses effets sur le champ de bataille. Contre un ennemi moins avancé technologiquement, avec de l'entraînement la nuit peut encore être propice à vos opérations. Il y a un gros avantage psychologique à pouvoir faire de nuit des choses que l'ennemi ne peut pas faire.

Ceci dit il y a quelques trucs qui vous aideront à survivre la nuit. 1) Connaissez votre environnement. Certains environnements sont impraticables la nuit, la végétation du sud-est des USA me vient à l'esprit. Essayez d'y évoluer la nuit en restant prudent. Parfois il vaut mieux rester où on est et attendre l'aube. 2) Acquérez un dispositif de vision nocturne. Même le matériel pas cher de première génération peut voir apporter un avantage sur l'ennemi (Voir la page équipement) 3) Achetez des patchs phosphorescents et cousez -les à l'arrière des sacs et chapeaux. 4) Resserrez votre formation. C'est toujours une bonne chose de s'éparpiller lors du mouvement, mais un groupe ne devrait jamais être éparpillé au point de ne pas savoir où se trouve Pierre ou Paul. Lors des nuits sombres vous aurez peut-être à vous déplacer la main sur le sac à dos de votre collègue de devant.

10. Pièges


Les pièges sont traditionnellement un grand atout pour les guérilleros. Je parle ici des pièges qui peuvent être commandé à distance ou déclenché accidentellement par l'ennemi. Les pièges peuvent être très simples (comme des pieux dissimulés) ou très sophistiqués (comme une bombe activée à l'aide d'un téléphone portable).

Les pièges peuvent être utilisé comme un multiplicateur de force tant en position défensive qu'en position offensive. En position défensive : 1) ils sont utiles pour ralentir l'ennemi le long des probables voies de passage ; 2) utilisé pour avertir de l'avancé de l'ennemi ou pour remplacer les sentinelles; et 3) utilisé comme source de dommages pour atténuer l'assaut ennemi. En position offensive : 1) ils sont utiles pour condamner des zones et ralentir l'avancé ennemie ; 2) comme élément d'embuscade, pour débuter une embuscade par exemple ; ou 3) comme arme psychologique. Cependant l'usage des pièges devrait être limité de manière à ne pas blesser les civils. Souvenez-vous, nous aurons probablement à combattre sur notre territoire et à chaque fois que des innocents sont touchés, cela jouera contre nous.

Bien sûr s'entraîner à fabriquer des pièges est pour la plupart d'entre eux illégal ; ainsi votre entraînement sera essentiellement théorique. Je vous suggère la lecture de manuels pertinents sur la fabrication d'engins explosifs et de pièges listés dans la page des livres. Une lecture des ouvrages sur la guerre du Vietnam vous donnera une idée de ce qui était utilisé à l'époque et vous pouvez trouver des informations concernant leur usage actuel en Irak L'utilisation tactique des pièges peut être expérimenté à l'aide de clochettes, de boîtes de conserve ou encore d'engins pyrotechniques actionnés par une tirette.

11. Renseignement tactique / contre-espionnage



Divers outils de reconnaissance et de commandement


Une petite structure de guérilla n'a pas la possibilité de disséminer l'information et de faire remonter les renseignements à son éventuelle hierarchie aussi facilement que le ferait une force conventionnelle. Cependant c'est un fait que l'acquisition de renseignements précis et non périmés est la clé du succès des campagnes de guérilla. Ceci est dû en majeur partie à la participation d'auxiliaires non combattants. Je ne peux pas vous donner beaucoup de conseils pour développer un tel réseau de renseignement car il y a peu de témoignages disponibles sur le sujet. Je vous dirigerais vers les ouvrages classiques sur la guérilla dans la section lecture. Le livre suisse Total Resistance a aussi un passage sur le développement d'un réseau de renseignement auxiliaire. Une chose universellement mis en avant par les personnes ayant eu à faire ce genre de choses, c'est qu'il est très important de conserver une entente cordiale avec les habitants des environs. Une autre chose est à noter : la disponibilité d'un tel réseau fait la différence entre ce que j’appellerais une révolte légitime (ou force de guérilla)  et un groupe de terroristes sans foi ni loi. Si la majeur partie de la population est favorable à l'occupant ou au gouvernement tyrannique, vous êtes foutu à moyen terme.

La perspective d'avoir un réseau auxiliaire ne nous dispense pas de s'entraîner à l'acquisition de renseignement par la voie militaire traditionnelle. Il y a deux sources à notre disposition : 1) les compétences d'observation et la reconnaissance à l'ancienne. Vous devez potasser le sujet, notamment le rapport SALUTE(R), et développer vos compétences d'observation clandestine ; 2) les ennemis capturés morts ou vifs, ainsi que leurs possessions (cartes, documents etc). Les combattants ennemis devraient être immédiatement fouillés pour trouver ce genre de chose et le chef de groupe devrait en examiner le contenu.

Une bonne raison d'assimiler les techniques d'acquisition de renseignement est de limiter leurs effets potentiels sur votre mouvement. Vous devriez éviter de porter sur vous des choses pouvant informer l'ennemi sur vos objectifs et votre capacité de nuisance. Cela comprend les cartes signalant vos positions permanentes. Vous devriez aussi tenir profil bas et ne pas vous exposer aux yeux d'éventuels observateurs (en fonction des capacités technologiques de l'ennemi). L'espionnage de vos communications est un problème important si vous faites face à un ennemi technologiquement avancé.

Enfin, en ce qui concerne l'acquisition de renseignement tactique, c'est inutile si les informations ne sont pas relayées dans le groupe. Une fois l'information acquise elle devrait être diffusée au sein du groupe pour le cas où le chef de groupe ou la personne en charge du renseignement soit capturé ou tué. Dans le cas où vous interagissez avec d'autres groupes, il vous faut leur passer les informations le plus vite possible.

12. Mouvement



Nous devons nous exercer au mouvement tactique à pied et avec des véhicules


Je ne veux pas rentrer dans les détails concernant les différentes formations de patrouille. Celles-ci sont décrites ailleurs et je ne saurais faire mieux. Je vous invite à consulter le manuel US Army Ranger Manual  et Light Infantry Tactics: For Small Teams, les deux étant abordés dans la section lecture du site. Cependant, j'aimerais insister sur certains aspects critiques de l'entraînement qui s'appliquent en premier lieu aux citoyens soldats. Nous avons tendance à nous entraîner dans les bois. Je pense qu'il y a plus de probabilité que nous ayons à nous battre en milieu urbain ou périurbain. De même, les citoyens soldats s'entraînent rarement avec des véhicules (en tout cas pas ceux que j'ai vu). Ce sont deux choses qui doivent être prises en compte lors de la planification des entraînements. Les Field Manuals américains sur les Opérations urbaines et les Opérations de convoi sont une bonne source d'inspiration.

13. Compétences du leadership


Deux livres que tout chef de milice se doit de lire.

Je ne crois pas qu'il devrait y avoir de chefs désignés comme tels dans les groupes de citoyens soldats modernes. Il y a cinq raisons principales à cela : 1) les groupes doivent être restreints et rompus à la coopération entre individus, le leadership s'estompe alors naturellement ; 2) les rôles de commandement doivent tourner entre chaque membre, si la milice est appelée en masse il y aura beaucoup d'individus peu préparés, toute personne compétente doit être donc prête à prendre la direction des opérations ; 3) l'amitié devrait régné au sein des groupes, et cela peut être difficile quand il y a un leader auto-proclamé ; 4) se donner des titres ou des rangs est un bon moyen de se ridiculiser aux yeux des autres milices ; 5) enfin, et c'est le plus important, les décisions au sein d'une milice devrait être prises démocratiquement dans la mesure du possible. À l'entraînement et lors de la planification des missions c'est facile. Au contact avec l'ennemi, les décisions doivent être prises rapidement et avec précision. Heureusement avant que ces compétences de leadership ne soient nécessaires, les décideurs les plus efficaces auront été repérés au sein du groupe.

Il est bon que chaque individu se soit familiarisé avec le processus de décision. Qu'est-ce qui fait un bon leader ? Le leadership ne devrait pas être un concours de popularité, mais les bons leaders sont souvent populaires. Un leader au combat doit être capable de hiérarchiser les objectifs selon les priorités et d'optimiser l'utilisation des compétences de chaque individu. Un leader doit être capable de mettre de côté ses considérations personnelles de manière à ce que la mission soit remplie avec succès et que son groupe survive. Un leader doit s'être familiarisé avec toutes les compétences dont j'ai parlé auparavant et il devrait en avoir maîtrisé le plus. Un leader doit être un exemple de ce que devrait être un citoyen soldat.

Comment pouvez-vous développer votre compétence de leadership en dehors d'un séjour à l'Armée ? Tout d'abord, vous devriez essayer des métiers où cette compétence est requise. Un bon gérant de magasin aura maîtrisé l'aspect management du leadership en condition de combat. Les personnes qui ne réussissent pas dans la vie civile sont rarement à l'aise avec le leadership au combat.  Ensuite, vous devriez prendre le temps d'organiser et de diriger les séances d'entraînement. Par exemple, à chaque sortie de groupe, un des membres serait désigné comme chef de camp pour s'occuper de l'organisation du campement, de la communication des informations importantes et de la coordination des exercices.

Pour une étude plus en profondeur de la notion de leadership je vous conseille la lecture du manuel US Army Ranger Handbook, et spécifiquement les chapitres sur la planification des missions, les ordres de patrouille et d'avertissement, ainsi que la direction des petits groupes. Un autre livre excellent sur le sujet est celui de Paul Howe, Leadership and Training for the Fight.