mercredi 30 septembre 2020

Re: Causes et conséquences d’un effondrement en France - partie 1 / 3

 

En parcourant le blog Résilience urbaine tenu par Légendat, je suis tombé sur cet article : Causes et conséquences d’un effondrement en France. Je m'attendais à un argumentaire traitant de manière exhaustive cet important sujet mais, malheureusement, il est surtout centré sur les potentielles tensions ethnico-religieuses. L'exercice étant intéressant, je vais donc tenter de faire un tour d'horizon des causes et conséquences potentielles d'un effondrement dans notre beau pays. Cet article est organisé en trois parties : le terreau, les graines et les fruits. Comme vous l'avez peut-être deviné, la première partie traitera des causes potentielles d'un effondrement, la seconde des éléments déclencheurs et la dernière des conséquences sur notre vie quotidienne.


Les collapsologues sont présents sur la scène médiatique depuis quelques années, nous pensons notamment à Pablo Servigne, mais les oiseaux de mauvaise augure chantent depuis bien longtemps à qui veut les écouter que l'Humanité fonce dans le mur. Par exemple, l'impact des humains sur l'effet de serre est théorisé depuis plus d'un siècle, le suédois Svante Arrhenius en ayant parlé le premier en 1896. Tant que le grizzli ne nous fait pas face, nous avons tendance à ignorer son existence. Sébastien Bohler, dans son livre Le bug humain, démontre bien l'inadéquation du fonctionnement de notre cerveau par rapport aux enjeux environnementaux.


Le terreau

Il nous paraît évident que si effondrement il y a, ce sera dû à une combinaison de facteurs et non pas à une faiblesse en un point unique du système. Nombreuses sont les sources de fragilité intrinsèque dans notre société moderne du Premier Monde, ici en France. Nous allons essayer d'en dresser une liste qui sera nécessairement incomplète car il est difficile aujourd'hui d'avoir une vision globale tellement notre monde est complexe. C'est pour cette même raison qu'il nous est quasiment impossible de hiérarchiser ces fragilités. 


Érosion du Q.I.

Un des facteurs qui pourrait mener à un effondrement est l'impact sur tous les éléments de notre société de la baisse constatée du quotient intellectuel dans de nombreux pays développés, dont la France. Le Q.I. va déterminer notamment la capacité des individus à concevoir, produire et maintenir des machines complexes, les mêmes sur lesquelles repose notre civilisation moderne globalisée. Plusieurs causes sont à l'origine de cette baisse du Q.I. dans le monde. Tout d'abord la pollution : métaux lourds, phtalates, qualité de l'air et autres joyeusetés. Il y a ensuite la bien connue fuite des cerveaux, qui va mécaniquement abaisser le Q.I. moyen : la France attire de nombreux cerveaux, majoritairement issus de ses anciennes colonies, mais repousse, par ses politiques collectivistes, les cerveaux autochtones, et malheureusement le solde migratoire des cerveaux est négatif. Votre serviteur avait d'ailleurs comme projet de partir étudier et travailler aux USA après avoir obtenu bac...  Une autre cause possible et peu connue serait la réversion de l'effet Flynn (augmentation du Q.I. constaté de manière globale au 20ème siècle) : 

 
[..] les deux principales théories pour expliquer [la réversion de] l'effet Flynn sont la fertilité dysgénique (l'idée que les femmes au QI bas font plus d'enfants eux-mêmes dotés d'un QI plus bas que les femmes au QI élevé), et le mélange avec des populations immigrées, issues de système éducatifs potentiellement moins performants que le nôtre.  
 

Mais ce qui semble être le plus probable, au moins pour la Norvège où a été menée une étude sur les tests d'entrée à l'armée, c'est encore l'impact des facteurs environnementaux, donc non génétiques. L’État-providence, notamment, pourrait être un de ces facteurs environnementaux délétères.

Cette année, il y a eu grosso-modo 95% de réussite au bac, mais cela ne veut pas dire que les élèves sont plus intelligents, cela veut dire que ce diplôme ne vaut plus rien. Le taux de réussite au bac augmente sans cesse à peu près depuis l'arrivée de Mitterrand au pouvoir : le taux de réussite a été multiplié par 1,42 et le plus étrange est que le nombre de fonctionnaires a été lui aussi multiplié par un facteur similaire, à savoir 1,41, bien supérieur à l'augmentation de la population qui a été de 18% sur la même période. N'y voyez aucun lien de cause à effet, c'est juste le hasard des chiffres. Le bac ne vaut donc plus grand chose, si ce n'est à valider la médiocrité. La conséquence est l'arrivée à l'université d'étudiants inaptes qui se réjouissent de l'absence de sélection à l'entrée. Les retours de première main que j'ai sur la dégradation de la qualité des étudiants sont assez inquiétants : on ne construit pas une société prospère avec des crétins !

 

Désindustrialisation

Après avoir été une nation industrielle de premier plan, la France s'est orientée depuis près d'un demi-siècle vers une tertiairisation poussée comme de nombreux pays développés, et l'entrée de la Chine dans le marché européen à la fin des années 1990 a fini de clouer le cercueil de notre patrimoine industriel. L'économie secondaire n'est plus que l'ombre d'elle-même : 

Depuis un demi-siècle, la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie n’a cessé de baisser. Elle est passée de 25 % en 1961 à 11 % en 2010, et n’a guère varié depuis, d’après l’Insee. 
Source : Le Monde

La délocalisation des usines vers les pays où la main d'oeuvre est peu chère et docile a laissé sur le carreaux des milliers d'employés et a contribué à la disparition d'outils de production et de savoir-faire. Cette perte s'ajoute à la baisse du Q.I. exposée plus haut. En cas de besoin, saurait-on à l'échelle du pays se remettre à produire les éléments de notre confort moderne ? Quand les machines de production sont envoyées en Chine pour être recyclées, quand la documentation est mise au broyeur, quand les sachants disparaissent de leur belle mort, nous nous retrouvons dans une position de faiblesse technologique et industrielle qui peut favoriser l'effondrement en cas de perturbation extérieure.


Fonctionnement en flux tendu

Demain si la Chine ferme le robinet des biens de consommation suite à un conflit, que va-t-on pouvoir bien trouver dans les magasins ? Dans une dynamique globale d'optimisation des ressources, les sociétés modernes fonctionnent de plus en plus à la sauce "just in time" où les stocks se réduisent comme peau de chagrin car ils coûtent chers et limitent l'adaptabilité des organisations. Comme nous avons pu le voir pendant cette crise de la "chauve-souris mal cuite" (copyright Volwest), si les échanges commerciaux ralentissent voire sont stoppés du jour au lendemain, l'économie est à l'arrêt et très rapidement les magasins sont en rupture de stock. 

C'est aussi la mondialisation de l'économie qui est en cause, car il est plus facile de s'approvisionner à proximité qu'à l'autre bout du monde. Il suffisait de se rendre il y a encore quelques semaines au rayon vélos du magasin Décathlon du coin pour avoir une illustration frappante du problème. Tout cela engendre une faible résilience de la société face à des ruptures de la normalité.


Diminution du ratio actifs/passifs

La France a terminé sa transition démographique et le vieillissement de sa population va bon train. Avec l'avènement de l'électronique après la Seconde Guerre Mondiale, l'automatisation des lignes de production a mis au chômage les ouvriers à la Charlie Chaplin dans les Temps modernes : les robots vont plus vite, sont plus précis, peuvent travailler 24h/24, ne font pas grève, ne demandent pas d'augmentation de salaire, etc. L'ère du numérique a permis une digitalisation du secteur tertiaire qui n'a pas encore fini de mettre des gens au chômage. Un de mes professeurs disait qu'un informaticien détruit sept emplois, c'est peut-être exagéré mais cela se ressent de plus en plus. 

Les humains deviennent inutiles et pour leur permettre de survivre, le revenu de base universel est aujourd'hui poussé en avant par de nombreuses factions politiques. La fragilité issue de cette situation socio-démographique est que le système tourne grâce à un nombre décroissant d'individus qui deviennent donc de plus en plus essentiels à l'équilibre du pays.


Augmentation de la diversité ethnico-culturelle et du communautarisme

Il n'y a aujourd'hui quasiment plus de frontières dans notre pays, et ce depuis 1995 et l'entrée en vigueur de la convention de Schengen. Les immigrés et descendants d'immigrés issus notamment de notre héritage colonial ont tendance à voter à gauche, ce qui va dans le sens d'une ouverture encore plus large des conditions d'accès à notre pays. L'Education Nationale n'est plus le moule patriotique qu'elle était il y a un siècle, ce n'est aujourd'hui qu'une garderie à grande échelle où on forme la prochaine génération de larves intellectuelles (même une mention  "très bien" au bac n'est plus garante d'un fort potentiel). 

Le contexte d'hébergement des immigrés souvent pauvres et les différents déficits politiques en matière de maintien de l'état de droit ont engendré un repli sur soi de certaines franges de la population et on se retrouve aujourd'hui dans un joyeux bazar communautaire. Diviser pour mieux régner, diront certains. Il est un fait qu'une société morcelée est plus facile à manipuler (penser guerre du Liban) qu'une société homogène (penser révolution islandaise).


Urbanisation

Il y a aujourd'hui plus de 80% de la populationi française qui vit en aire urbaine contre seulement 53% en 1936. C'est principalement dû à la mécanisation de l'agriculture qui a poussé les gens à trouver du travail en ville. Cela a engendré une perte de compétences / connaissances de la (sur)vie à la campagne : les anciens qui connaissent leur terroir se font de moins en moins nombreux et cela réduit la résilience de la population dans son ensemble car aux dernières nouvelles les villes ne sont en 2020 toujours pas autonome en nourriture. 

Cet exode rural, qui s'est légèrement atténué ces derniers mois à cause de l'épisode de confinement, a pour conséquence une augmentation de la densité de population en ville, et cette densité augmente le rayon autour de la ville dans lequel il faudrait s'approvisionner pour nourrir tout le monde si les bananes ne venaient plus de l'autre bout du monde à très bas coût.


Dépendance aux importations

La France importerait, d'après les chiffres à notre disposition, 47% de l'énergie qu'elle consomme, et près de 80% de l'énergie primaire produite sur place est issue du nucléaire. Sachant que les mines d'uranium françaises ont atteint leur pic de production il y a longtemps, on ne peut pas vraiment dire que nous sommes autonome en énergie... 

Scoop : on ne pourra pas tous rouler en Tesla, à moins d'utiliser la fusion nucléaire. Nous sommes aussi grandement dépendant du soja d'Amérique du Sud pour l'industrie de la viande, alors qu'on peut le cultiver en France, mais avec des rendements probablement plus faibles. On en importait en 2017, 3,5 millions de tonnes pour une production locale de 420 000 tonnes, et à côté de ça on exporte du blé à tout va (près de 13 millions de tonnes, une brindille), blé boosté à l'azote chimique bien sûr (fabriqué avec du gaz naturel, une ressource pas vraiment durable), alors que le soja est une légumineuse qui fixe l'azote dans ses racines... 

Pour ce qui est des minerais, ce qui avait de l'intérêt en France métropolitaine a déjà été exploité en grande majorité et nous importons beaucoup de matière des quatre coins du globe, ainsi nous sommes relativement dépendants sur ce plan, bien que le recyclage du métal par exemple ait fait beaucoup de progrès.


Confort de vie

Comme Volwest aime souvent à le rappeler, nous vivons aujourd'hui dans un confort jamais vu dans l'histoire de l'humanité, spécialement ici dans le Premier Monde. Une grande majorité de la population française n'a jamais connu de guerre à domicile et vit dans l'insouciance comme le personnage Candide de Voltaire. Nous avons le chauffage, l'eau courante et la lumière en appuyant sur un bouton, nous avons accès à des soins très sophistiqués, nous pouvons nous déplacer en une journée sur de très longues distances, la liste est longue... Ce confort nous a éloigné de la rusticité "pâté-cornichons", chère à Volwest, et a transformé bon nombre de nos concitoyens en objets fragiles qui se briseraient en cas de grosse secousse dans le système.


Endettement et balance commerciale

Pour la faire courte, les Français vivent à crédit, en 13ème place du classement, avec une dette extérieure par habitant qui est de 87 000 US dollars par habitant (à ne pas confondre avec la dette publique française). De plus la balance commerciale est très souvent négative ces 20 dernières années, ce qui augmente encore plus notre dette extérieure ! Il fut un temps où la Banque de France pouvait créer de l'argent pour résorber les dettes françaises, ce qui avait ses avantages (indépendance) et ses inconvénients (inflation dingue), mais nous dépendons aujourd'hui du marché et de la BCE.


Forces armées sur le déclin

Le budget alloué à l'armée française en terme de pourcentage de PIB est en baisse quasi-constante depuis 1960 et les années De Gaulle. On ne produit plus beaucoup d'équipement militaire en France et la tendance est au leasing des machines coûteuses comme les hélicoptères. Depuis l'effondrement de l'URSS, le second moule patriotique après l'école républicaine qu'était la conscription a disparu et les effectifs des armées ont baissé en conséquence. Que dire de la probable infiltration de puissances étrangères comme la Chine dans nos forces armées ? La Défense étant une fonction régalienne, brique essentielle d'un pays souverain comparable à un élément du noyau Linux, le chemin qu'elle prend n'est pas étranger à la construction européenne qui est en fait une destruction des états qui composent l'Union. Un jour la défense sera gérée au niveau communautaire comme l'US Army. En cas d'effondrement, il vaut probablement mieux avoir une armée forte pour éviter de se faire engloutir par des voisins gourmands

Pour conclure cette première partie,  nous pouvons constater que la France aux 365 fromages, aux milles paysages et à l'égo démesuré n'est pas en très bonne posture pour faire face à une rupture de la normalité. J'aurais pu certainement pointer d'autres fragilités mais le temps me manque pour aller plus en profondeur. Nous verrons dans une seconde partie les potentiels éléments déclencheurs d'un effondrement en France : catastrophe nucléaire de grande ampleur, émeutes etc.


La suite : partie 2 / 3