dimanche 8 avril 2012

Comment s'entraîner (traduction)



[Second article traduit depuis le site Everycitizenasoldier.org - article précédent : La Triade du Combat - article suivant : La forme physique]

ARTICLE ORIGINAL : Training Philosophy


“Une pinte de sueur économisera quelques litres de sang.”
–George S Patton

C'est ainsi que répondit Patton à ses troupes qui le trouvaient trop à cheval sur la discipline et sur l'entraînement. Et il avait raison, il entraînait durement ses hommes et exigeait de ses subordonnés une discipline de fer. Grâce à cela il fut l'un des leaders militaires les plus couronnés de succès.

Mais je vais être franc avec vous, si vous vous y prenez comme Patton pour vous préparer à être un citoyen-soldat, vous n'irez pas loin. Nous vivons à l'époque du militaire professionnel très entraîné. Ils passent des heures et des heures à cultiver leurs compétences. Ils sont payés pour ça, c'est leur job, et les pleurnichards sont éjectés du lot. En revanche, le citoyen-soldat est bénévole. Le temps qu'il consacre à l'entraînement l'éloigne de ses hobbies. L'argent qu'il dépense pour ses munitions ne servira pas à acheter de la viande pour sa famille. Mais Patton a raison, l'entraînement est très important. Plus vous vous entraînez, plus vous avez de chances de réussir.

Nous avons donc un dilemne, nous devons nous entraîner à nos frais pendant notre temps libre.  Nous n'avons pas les ressources dont disposent les militaires, ni celles des guérilleros du Tiers-Monde. Cela décourage souvent les gens, même ceux qui ont la fibre militaire. La meilleure approche est de faire ce que l'on peut. S'entraîner le plus possible et de la manière la plus efficace qu'il soit. Je vous offre trois conseils pour vous entraîner : faites les choses à votre rythme, concentrez-vous sur les fondamentaux et transformez l'entraînement en un moment "fun".

1) S'entraîner à son rythme.

Lors de l'apprentissage de n'importe quelle compétence il est tentant d'aller plus vite que la musique. C'est une erreur, car on risque d'apprendre de travers. Pour des compétences qui reposent sur la mémoire musculaire, les erreurs vont graver de mauvaises habitudes dans votre système nerveux. Pour des compétences nécessitant un effort physique intense, cela peut mener à une blessure qui vous retardera dans votre programme d'entraînement. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

L'armée a une certaine philosophie de l'éducation et elle s'applique à n'importe quel apprentissage. Cela s'appelle "rampe, marche, coure". Tel un enfant qui apprend à se mouvoir, vous devez ramper avant de savoir marcher etc. Par exemple, prenons l'apprentissage du "double-tap". La première chose que vous devriez faire est de pratiquer à la maison, en portant votre arme à l'épaule, en visant la cible imaginaire et en tirant à sec. C'est la phase "ramper" de l'apprentissage. Une fois que vous avez pratiqué le "double-tap" en tir à sec, allez au stand. Remplissez quelques chargeurs et faites vous tranquillement la main sur une cible. Pratiquez jusqu'à ce que ça devienne une seconde nature, rappelez-vous que rien ne sert de courir...  C'est la phase "marcher" de l'apprentissage. Après cela vous pouvez complexifier l'entraînement en faisant des "double-tap" en rechargeant votre arme, en vous mettant à couvert, et sous la pression d'un chronomètre dans le cadre d'une compétition avec d'autres amis.C'est la phase "courir" et après vous pouvez considérer que cette compétence est intégrée même s'il faudra la cultiver au fil du temps. Cette stratégie d'apprentissage peut s'appliquer à de nombreux compétences tangibles.

2) Se concentrer sur les fondamentaux.

Une autre erreur que l'on fait est d'essayer d'acquérir des compétences avancées sans avoir une base solide pour les fondamentaux. Exemple concret, je tire environ deux cents cartouches d'arme de poing tous les deux mois. Cette année je m'étais lancé dans des exercices avancés tels que tirer en avançant, battre en retraite etc.  Après un certain temps je suis devenu moins bon au classement de la compétition mensuelle que l'on organise entre amis. C'est à cause du fait que j'ai arrêté de pratiquer les fondamentaux en faveur des exercices avancés qui sont plus excitants. J'ai depuis recommencé à m'entraîner aux fondamentaux, je passe la première moitié de mes sessions de tir à l'arme de poing à pratiquer le dégainer-tirer-recharger. Mon classement dans la compétition mensuelle s'est alors amélioré.

La plupart des compétences sont périssables. Sans de solides fondamentaux il est impossible de devenir performant dans les compétences avancées. Je ne dis pas qu'il vous faut passer tout votre temps à travailler les fondamentaux,mais une fois acquis vous devez les cultiver.

3) Faire en sorte que l'entraînement soit aussi un divertissement.

Au XVIIIème siècle, l'entraînement des miliciens était un grand évènement hebdomadaire pour les hommes de la communauté. Les sessions d'exercices miliciens commençaient et finissaient à la taverne, avec pourquoi pas un gâteau à partager ! De nos jours il est envisageable de faire de l'entraînement milicien une distraction. Les “unités” modernes devraient être une poignée d'amis proches. Je suis toujours impatient d'aller au stand avec eux ou qu'on s'organise une sortie camping.

Même si certains exercices sont barbants, et que maintenir nos compétences peut s'avérer dur, l'entraînement doit avant tout être un moment agréable. Vous devriez faire en sorte que ça soit amusant. Ainsi vous y allouerez plus de temps libre, cela deviendra une attraction pour votre entourage et tout le monde y trouvera son compte.

4 commentaires:

  1. Merci pour cet article très intéressant.

    Je me demande où tu peux t’entraîner au tir dynamique.

    A part l'IPSC, je ne connais rien qui puisse être pratiqué en club (en France) et qui soit dynamique.
    Après, il y a le NTTC, mais ce sont des associations et non des clubs.

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  2. Bonne question !

    Les armes de 1ère et 4ème catégorie ne peuvent être utilisées qu'en club, mais il me semble que les armes des 5ème, 7ème et 8ème catégories peuvent être utilisées sur terrain privé.

    Sinon il y a l'airsoft avec des répliques...

    J'ai lu du bien de cette association suisse : NDS.

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  3. Ok, cela rejoint les infos que j'ai, avec le bémol sur http://www.nttc-france.fr/ qui ne sont pas vraiment des clubs mais permettent l'utilisation des 1ère et 4ème catég dans un cadre dynamique/tir de combat.

    Merci d'avoir confirmé mes infos :)

    (et oui l'airsoft reste une solution pour le drill de la gestuelle, heureusement...)

    A ce titre, je recommande l'excellent ouvrage de Roland Habersetzer

    http://www.amazon.fr/Tir-daction-larme-poing-professionnel/dp/2851807625

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  4. Bonjour,
    L'IPSC ou le TSV peuvent donner de bonnes bases en matière de tir tactique (tir rapide, rechargement d'urgence ou tactique, double tap, etc) mais certainement de très mauvaises: le but est sportif, et parfois, en compétition, certaines cibles sont "oubliées" au bénéfice du chrono, ce qui dans notre cas peut s'avérer désastreux... De plus, ces cibles n'étant pas censées tirer, les compétiteurs ne prennent que très peu soin de leur protection durant leur progression, ce qui s'avèrera mortel dans un cadre réaliste!
    La NTTC est bien plus intéressante et surtout réaliste dans le domaine qui nous concerne ainsi que les formations fournies par des organismes tels que NDS.
    L'airsoft est parfait quand aux exercices de force contre force, mais la pratique du tir avec une arme réelle (recul, détonation, flash) doit être conservée.
    Plusieurs auteurs sont très intéressants dans le domaine du tir tactique/combat: Chuck Taylor, Philippe Perotti, Gabriel Suarez, Scott Reitz. Eux ont eu a porter des armes et à s'en servir dans le cadre professionnel, pas Roland Habersetzer (à ce que je sache), même s'il demeure un excellent technicien et à droit à tout notre respect de ce point de vue.

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