jeudi 27 décembre 2012

OSLIK : De la vulnérabilité parmi les humains 2/2

[ARTICLE SCINDÉ EN DEUX : Partie 1]

Amérique centrale et du sud

 

Cuba

Les sciences sociales sont notoirement difficiles pour faire des "expériences" en vue de prouver quelque chose car on ne peut expérimenter deux fois (voire pas du tout) sur un même sujet... Castro est un rare - peut-être unique - exemple du contraire, s'étant livré à deux tentatives totalement différentes ; ayant survécu à une tentative d'attaque frontale, il a ensuite tenté une posture défensive. On a là une occasion unique de "prouver" que la défense est facile, l'attaque est difficile...!

1953 : offensive sur la caserne de Moncada. Échec  L'attaque frontale contre une des plus grandes garnisons de Batista se solde par des dizaines de morts dans les rangs castristes, la plupart des survivants (dont Castro) étant capturés et fait prisonniers. Castro sera gracié, étrangement - et c'est ce qui rend Cuba unique, puisque le même 'barbudos' a ensuite mené une révolution avec les tactiques correctes.

1956 : Castro comprends qu'il faut privilégier la défense, c'est-à-dire prendre possession d'un terrain et traiter les troupes de Batista qui viendront tomber dans ses embuscades. Il embarque avec une centaine de guérilleros sur le Granma. Durant le débarquement et la progression initiale (que l'on pourrait qualifier de "offensive") il subit des pertes énormes. Une fois installé dans une posture permettant de tendre des embuscades, il va de succès en succès avec une base de départ d'à peine 19 hommes : avec ces 19 hommes il va construire un maquis croissant et conquérir l’île de Cuba. Il utilise pour cela des "far ambush" par exemple et des "hit & run" avec des carabines à lunette permettant du tir antipersonnel à 900 m :


La phrase exacte est "We can pick them off at a thousand yards with these guns[1][2]) issue d'une interview, Herbert Matthews [du New York Times] Visits Fidel (1957) :
"[..] marécages terribles. Ils ont perdu leur nourriture et la majorité de leurs armes et commencé à subir des attaques de l'Armée. Ils se sont alors éparpillés à travers les collines. Beaucoup ont été tués. Des 82, ils n'en restait que 15 ou 20 après quelques jours. [..] [Mon rendez-vous secret avec Castro avait lieux sur un terrain donnant] l'impression d'une forêt tropicale, plus semblable au Brésil qu'à Cuba. [..] [Raoul Castro] était habillé en uniforme olive et portait une carabine à lunette, dont il était très fier. [..] "Nous pouvons les abattre à 1000 yards avec ces armes", dit-il.". [Une distance très très honorable, surtout en 1957 -- à l'heure actuelle les marksmen de l'OTAN utilisent le plus souvent du .308, avec une portée efficace de 800 mètres]. "Ils ont des bazooka, des mortiers, des mitrailleuses lourdes, des avions et des bombes", dit-il, "mais nous sommes en sécurité ici dans la Sierra, ils doivent venir nous chercher et ils ne le peuvent pas".
Si la petite équipe de Castro avait eue pour toute ambition de devenir "calife à la place du calife" on aurait assisté à la même évolution qu'en Chine ..etc mais ils ont fusionné avec le reste de la population, passant de 20 à 1500 combattants en douze mois, et semblent avoir compris l’intérêt de démocratiser la marksmanship ; voir la page Bay of Pigs :
Anticipating an invasion, Che Guevara stressed the importance of an armed civilian populace, stating "all the Cuban people must become a guerrilla army, each and every Cuban must learn to handle and if necessary use firearms in defense of the nation."
Cette attitude a eu pour résultat, la Baie des Cochons (offensive de la CIA repoussée), l'assistance à l'Angola pour résister à l'UNITA (qui, avec l'appui de l'Afrique du Sud, cherchait à imposer un régime type Apartheid) et 50 ans de défense ensuite, malgré les privations, l'embargo US imposé par la force et durci avec le temps pour devenir sans doute le plus strict au monde.

Comme dans le cas de la Suisse encerclée par les Nazis, la haine du voisin Oncle Sam contre Cuba est indiscutable, les faucons US étrillant l'union soviétique gardaient leur vitriol le plus acide pour Cuba. Pourtant, malgré nombre de tentatives de déstabilisation, ce mini-pays a résisté.

Résumé:
  • Posture défensive : non (1953), oui! (1956-présent), testée plusieurs fois avec succès.
  • Syndrome C.A. : non (1959+), faible (contemporain)
  • False flag infligé par adversaire : planifié mais avorté (il s'agit de l'Opération Northwoods, le prototype de l'Opération Vigilant Warrior qui aura lieu quatre décennies plus tard aux USA; l’Opération Northwoods, ne sera pas approuvée par J.F.K., qui a connu le destin que l'on sait).
  • False flag perpetré en interne : ses détracteurs accusent Castro d'avoir organisé des "accidents" contre ses rivaux politiques après son accession au pouvoir pour consolider celui-ci.
  • Résultat : intermédiaire entre étape 2 (bourgeoisie) et stade 3 (homesteaders-marksmen)... Semble pourtant bien moins proche du 3 que ne l'est la Suisse.



Haiti

Haiti bénéficie d'un climat et d'une géographie similaires à celle de Cuba, mais son destin est diamétralement opposé. L'insignifiante possession d'armes par la population et sa marksmanship aussi proche de zéro qu'on peut l'être, en ont fait une proie idéale pour les agressions néo-coloniales, devenant rapidement le pays le plus pauvre de l'hémisphère sud. Son agriculture a été réduite à néant par le classique mécanisme de "dumping" imposé par la force ("politics is trade by other means, and war is politics by other means"), réduisant la population à un tel état de misère qu'ils en sont réduits à raser leurs forêts pour vendre du charbon de bois pour une bouchée de pain et obtenir la nourriture qu'ils ne produisent plus ; il en résulte une déforestation visible depuis l'espace, avec la frontière de Haiti bien marquée sur les images satellites, des glissements de terrains massifs et une agriculture qui aurait bien du mal à redémarrer même si du jour au lendemain par miracle les Haïtiens n'étaient plus à la botte occidentale.

L'Histoire de Haiti avait pourtant commencé de façon extrêmement encourageante, en en faisant la première république noire au monde (cf l'histoire de Toussaint Louverture et l'indépendance gagnée par la force contre la puissance coloniale française). Mais le pays s'est ensuite entiché de l'idée de ne pas avoir de véritable armée citoyenne, laissant la monopole de la violence à sa police... et aux tontons macoutes. Avec le destin que l'on sait.

Il est clair que la citation...
Those who beat their swords into plowshares usually end up plowing for those who didn't.
-- Benjamin Franklin
... est bien trop optimiste : les Haïtiens en sont maintenant réduits à manger des galettes d'argile. Être réduit au servage et passer la charrue pour un suzerain doit leur sembler un destin enviable.


Mexique

If a path to the better there be, it begins with a full look at the worst.
-- Thomas Hardy

Concernant la démocratisation (ou plutôt la non démocratisation) de la marksmanship, au Mexique le social-darwinisme s'applique de façon extrême, réservant le droit de se défendre aux plus riches. Dans un pays qui a connu des émeutes de la faim après que le prix des tortillas ait augmenté de quelques %, cela coûte un oeil de s'armer légalement :
Mexico, (..) has some of the most restrictive gun laws in the world. "I think there would be less violence if there were more guns, (..)," says Jose Widmar, the brother of slain Luis. A citizen who wants a permit for a weapon must apply to the Mexican military — a process that can cost upward of $10,000. Then they pay to have the permit renewed annually. The military further regulates the caliber of weapon, how many guns a person can own, how much ammunition they can buy each month, and where in the country they can take the weapon. The government abolished the last private gun store in 1995. Today, the only legal gun store in the country is in Mexico City, guarded and operated by the armed forces.
La violence interne se présente en majorité sous la forme de cartels de la drogue qui savent pouvoir agir en toute impunité contre la population ; ils n'ont en effet à peu près rien à craindre de la population, ce genre de réaction défensive étant rendu excessivement rare par le quasi-monopole de fait que l'état exerce sur la possession d'armes.

Cela se manifeste par une violence comparable à celle des "escadrones del muerte" (escadrons de la mort) créés par Oncle Sam en Amérique du sud dans les années 1960-70-80, sauf que cela se passe ici et maintenant: un cartel mexicain exécute un enfant pour l'exemple. Si vous pensez que la marksmanship ne vous concerne pas ou est trop "compliquée", ou que la mort est la pire chose qui puisse arriver à une personne, regardez cette vidéo des Zetas (un cartel formé d'anciens des forces spéciales mexicaines, entraînés par le SOCOM du voisin nordiste) en train d'émasculer un enfant vivant puis le décapiter... Et demandez vous si le jeu (de la fainéantise et du déni) en vaut la chandelle. Comme le laisse entendre la citation plus haut, ce lien est peut-être le pire (niveau violence) que vous trouverez dans cette page, mais il faut comprendre la situation avant d'espérer l'améliorer.

Résumé :
  • Défense : non.
  • Syndrome C.A. : oui.
  • False flag : non.
  • Résultat : Package Deal "Transit" - le Mexique sert de corridor de transit pour la cocaïne colombienne et les mexicains découvrent qu'il y a pire qu'une "cravate colombienne" dans les pratiques des cartels.


Argentine, Chilli

L'anecdote est bien connue. Venu féliciter Salvator Allende de sa victoire à l’élection présidentielle Chilienne de 1971, Castro lui apporte un présent : un AKM. Utilisant le vocable communiste, Castro lui présente ce cadeau ainsi, "Bravo pour ta victoire, camarade. Mais si tu veux défendre ta révolution, tu auras besoin de ceci". Allende le remercie poliment, prend l'AKM, mais ne tient pas compte du conseil. Sa population reste victime du syndrome C.A. durant les mois suivants.

Deux an plus tard, le 11 septembre 1973, le général Pinochet renverse Allende (qui est tué dans son palais présidentiel) avec l'aide de la CIA. Le Chili s'installe dans la dictature, avec 3 000 morts, 10 000 "disparus" (un euphémisme pour désigner ceux qui ont été torturés, tués, jetés à la mer par avion, et dont le corps s'est parfois échoué sur une plage d'un pays voisin) et 100 000 exilés. Le Chili rejoint le Plan Condor.

Le processus et le bilan humain est semblable en Argentine, où s'installe une "dictature des colonels", et qui rejoint lui aussi le Plan Condor.

Qu'est-ce que le Plan Condor ? Une sorte d'INTERPOL des dictatures, couplé à un trafic d'enfants. Les proxies d'Oncle Sam en Amérique Latine partagent leurs fichiers pour traquer et éliminer les dissidents qui passeraient la frontière entre l'un et l'autre des pays membres ; une fois ces hommes et femmes éliminés, leurs bébés et enfants en bas age sont parfois "adoptés" par des membres de la junte en mal d'enfants, qui les élèvent dans l'ignorance de leur véritable filiation.

Résumé : faute de défense compétente, plusieurs pays d'Amérique du Sud ont subi un destin similaire durant l'après-guerre. Pour beaucoup de gens, leur destin a été pire que la mort.


Guatemala, etc

Nombre de "petits" génocides (étant donné la Taylorisation du processus par Oncle Sam et le reste des 'démocraties', lorsqu'un génocide ne se mesure pas à 6 chiffres on peut considérer que c'est du petit artisanat plutôt que de l'industriel...) ont déchiré le continent, qui sont moins connus que les iconiques Argentine, Chili, etc.

Au Guatemala par exemple, convoité par une multinationale US, plus de 100 000 morts entre 1960 et 1981. Le décret 386 de 1947, le décret 283 de 1964 y ont en effet d'abord durci, puis banni la possession d'armes et de lames tranchantes (!).

Même avant les massacres de masse et l'avènement des proxies (escadrons de la mort, dictateurs formés à la "School of America", mercenaires, etc) la vie n'était pas rose non plus pour l'Amérique du Sud et Centrale, comme le résumait le célèbrissime Major Butler (celui-là même qui a déjoué le Business Plot, une tentative par Wall Street de renverser Roosevelt en 1933) :
I spent thirty- three years [in] the Marine Corps (..) I spent most of my time being a high class muscle- man for Big Business, for Wall Street and for the Bankers. In short, I was a racketeer, a gangster for capitalism. (..) I helped make Mexico, especially Tampico, safe for American oil interests in 1914. I helped make Haiti and Cuba a decent place for the National City Bank boys to collect revenues in. I helped in the raping of half a dozen Central American republics for the benefits of Wall Street. The record of racketeering is long. I helped purify Nicaragua for the international banking house of Brown Brothers in 1909-1912. I brought light to the Dominican Republic for American sugar interests in 1916. In China I helped to see to it that Standard Oil went its way unmolested. During those years, I had, as the boys in the back room would say, a swell racket. Looking back on it, I feel that I could have given Al Capone a few hints. The best he could do was to operate his racket in three districts. I operated on three continents.
-- Major General Smedley Butler, "War is a Racket"



Nicaragua

The six million people the CIA has helped to kill are people of the Mitumba Mountains of the Congo, the jungles of Southeast Asia, and the hills of northern Nicaragua. They are people without ICBMs or armies or navies, incapable of doing physical damage to the United States the 22 000 killed in Nicaragua, for example, are not Russians; they are not Cuban soldiers or advisors; they are not even mostly Sandinistas. A majority are rag-poor peasants, including large numbers of women and children.
J. Stockwell, haut responsable repenti de la CIA
Le Nicaragua mérite d'être traité à part car les "escadrones del muerte" y travaillaient de façon particulièrement... raffinée, et sans être dérangés, la population étant grosso modo livrée à elle-même : désarmée, sans allié véritable (les Sandinistes n'ayant rien d'équivalent aux FARC-EP colombiennes, au contraire , les forces gouvernementales n'étant pas à la hauteur pour défendre la population...

Tout comme les AUC colombiens, les Contras du Nicaragua utilisaient les techniques de torture et de mutilation enseignées par la CIA comme armes psychologique, dont la "cravate colombienne", comme le montre ce témoignage:
A Sandinista militiaman interviewed by The Guardian stated that Contra rebels committed these atrocities against Sandinista prisoners after a battle at a Sandinista rural outpost:
"Rosa had her breasts cut off. Then they cut into her chest and took out her heart. The men had their arms broken, their testicles cut off. They were killed by slitting their throats and pulling the tongue out through the slit."[68]
The CIA manual, "Psychological Operations in Guerrilla Warfare" (Operaciones sicológicas en guerra de guerrillas), had been written in 1983 to be used by the contras.[86] The manual talks about killing civilians who try to leave an occupied town and to rationalize their killing,[59] (..) State Department justifications for death squad attacks on "soft targets": "The State Department has defended bloody contra attacks on government-sponsored farm cooperatives, saying that these civilian facilities have military aspects.
Les actes de la CIA et des Contras au Nicaragua dans les années 80 ont aussi l'insigne distinction d'être les seuls actes a avoir jamais été condamnés comme actes terroristes de façon officielle par la communauté internationale (plutôt que dans les médias ou les discours de politiciens).


Narco-state "cocaïne": Colombie

La Colombie est prise très au sérieux par Wall Street et son bras armé, Oncle Sam. On comprend aisément pourquoi : ce pays représente 90% de la production de cocaïne mondiale. Ne nous voilons pas la face : il est bien clair qui profite de l'argent de la drogue et qui a intérêt à le développer.

L'argent de la drogue représente plus de 600 milliards de dollars par an. Même si l'on ne sait strictement rien d'autre des stupéfiants, il est bien évident en lisant ce chiffre qu'il ne peut être imputé uniquement, ni même en majorité, à des bandits entourés de porte-flingues vivants dans une villa avec piscine et portant une grosse chaîne en or à $6000. C'est un secret de polichinelle : la part de trafic de drogue étatique est sans commune mesure avec la part du trafic imputée aux "privés" (i.e. les cartels et les gangs). La proportion est telle, que malgré tous les avantages et protection et moyens considérables dont bénéficient les narco-états, ils se font parfois prendre la main dans le sac... de poudre blanche. Ou de précurseur. Souvent à des échelles industrielles, par exemple lorsque le bras droit du Président Uribe a été pris "la main dans le sac" en train d'importer un précurseur de la cocaïne... Pas par valise (comme cela arrive souvent aux militaires et officiels colombiens), par par camion (idem), pas par avion (itou), mais par bateau entier, avec la soute remplie ras-la-gueule. (à noter qu'évidemment Uribe, comme tous ceux qui favorisent le package deal et Wall Street, était le favori d'Oncle Sam) :
The owner (..) according to the 2001 DEA chief's report, is Pedro Juan Moreno Villa, the campaign manager, former chief of staff, and longtime right-hand-man for front-running Colombian presidential candidate Alvaro Uribe Vélez.
La relation entre Uribe et les autres trafiquants était un mélange de concurrence et de coopération; concurrence avec les FARC-EP (qui représentent environ 2% du trafic , coopération avec les escadrons de la mort AUC, qui se taillent la part du lion :
A drug lord imprisoned in US has said that he and his illegal paramilitary army funded the 2002 election campaign of Colombian President Alvaro Uribe. Diego Murillo, aka Don Berna, was one of the heads of the AUC, which demobilised after a peace settlement. (..) Ever since Mr Uribe started his political career, he has been dogged by accusations of links with right-wing paramilitaries. During his term as governor of the province of Antioquia the AUC was born, flourished and spread across the country, leading to the deaths of more than 100,000 Colombians.
Currently there are 77 congressmen under investigation for links to the AUC, nine of whom have been condemned. Almost all are supporters of President Uribe.
Ces scandales se font plus rares, les gros bonnets suivants ayant appris à être plus discrets et à ne plus embarrasser la classe dirigeante US de façon aussi crue. On assiste quand même à des spectacles aussi stupéfiants que celui-ci : le président du New York Stock Exchange (la bourse US) s'est rendu en personne dans la jungle Colombienne pour serrer dans ses bras (l'image est restée connue sous le nom "Grasso abrazo") le chef des FARC-EP, que les US considéraient pourtant "leader terroriste", en Juin 1999. [1] [2] L'explication qu'il a donné pour ce rendez-vous avec ce groupe marxiste anti-capitaliste ? Il voulait les inviter à visiter le NYSE, le plus grand lieu d'échange de capitaux. Une explication alternative - que d'aucun trouveront moins ridicule, quoique politiquement incorrecte - est qu'il voulait les inviter à investir l'argent que les FARC-EP gagnent avec leur part du marché de la cocaïne  2%, au même endroit que sont investis les 98% restants, à savoir dans les banques américaines. Vu que la pression militaire s'est intensifiée sur les FARC les années suivantes, on peut imaginer qu'ils ont refusé cette offre généreuse.

L'organisation FARC-EP est multi-raciale et compte 30% de femmes dans ses rangs

Concernant les AUC de Uribe, comme le souligne Stan Goff ils étaient et restent incapable de faire face aux femmes et hommes des FARC-EP, et ont donc choisi à la place d'intensifier leurs... actions contres les soft targets qui les soutiennent. Non content d'avoir inventé la technique de "cravate colombienne", les escadrons de la mort AUC on fait entrer la torture dans l'ère industrielle, "innovant" de multiples façons. L'idée étant que 'juste' tuer les femmes et enfants d'un village n'est pas une motivation suffisante pour les convaincre de l’infériorité du marxisme (i.e. les FARC) et de la rayonnante et indiscutable supériorité de la classe dirigeante capitaliste colombienne... Et les torturer de façon classique prenait trop de temps, il fallait quelque chose de plus spectaculaire et plus rapide à mettre en oeuvre, impliquant la gorge et la langue, d'où le nom.

Comme l'explique très bien Stan Goff dans Full Spectrum Disorder, les FARC-EP sont une des guérillas les plus sophistiquées de la planète, même si ils montrent des signes d’essoufflement après des décennies à lutter contre les forces impériales et leurs milliards de dollars (historiquement, le narco-état Colombien a été parmi les 5 plus grands bénéficiaires de l'aide militaire US, avec Israël et l'Egypte ..etc). Fondées en 1964 à partir de quelques dizaines de paysans, les FARC-EP ont contrôlé une proportion variable du pays à travers le temps.

Stan Goff écrivait en 2003:
(..) Colombian democracy is a lot like U.S. democracy. Only a tiny fraction of the population has the means to recruit and promote candidates. It's different, for now, in that (..) the government works with paramilitaries who stalk and murder lefitsts, trade union organizers, and peasants who are on land their patrons wantThey don't murder many guerrillas because they fear them. The guerillas generally stalk and murder the paramilitaries. Fair's fair. (..) So effective did these militias become that the government began to refer to peasant communities as "independant communist republics", and in 1964 -- with urging from the US government -- launched a sudden and unprecedented attack agains the peasant militia at Marquetelia. Marin (..) led the successful resistance to this massive military assault with forty-eight guerrilla fighters. Thereafter, this guerrilla band took the name Fuerzas Armadas Revolucionarias Colombianas (FARC). Marulanda, who put a high premium on marksmanship as a core skill for guerrillas and who was himself legendary for his skill with a rifle, became affectionately known as Tiro Fijo, or Sureshot.[4] (..) From this forty-eight-person core, they have grown into a twenty thousand strong political and military organization, on seven regional fronts (..) In the past two years they have decimated the paramilitaries, destroying at least ten percent of their forces (..). They have survived and counterattacked one of the most well-financed military offensives in this hemisphere (..) The FARC-EP is racially diverse, and thirty percent female. Without air support from the U.S. and its surrogates there, the Colombian armed forces could not match the FARC's military prowess, not do they have a popular base outside the urban petit-bourgeois and ruling classes.
Y-a-t-il une place pour une alternative, par exemple le pacifisme ? Historiquement la réponse est toujours la même, comme le confirme cet article :
The Comunidad de Paz was [a] peace community within Colombia that sought the existence of an alternative autonomous society surrounded by a raging four decade old war. (..) Since 2001, the 2nd Brigade of the Colombian army (and members of the AUC) organized numerous devastating attacks (..) against members of the Wayuu indigenous nation. On April 18th, 2004 paramilitaries (and soldiers) entered into the village of Bahía de Portete [and] systematically "burned two children alive and killed others with chain saws" (..) Following this monstrous act, Wayuu representatives made a domestic and international announcement (..) We will apply our own law, because the justice of the courts only serves to help them, the assassins. Since this time an increasing number of Wayuu have become members of the FARC-EP, while others have organized indigenous-based self-defense movements (..) seeking emancipatory conditions for their people. As a result, attacks against the Wayuu (who have chosen to defend themselves) have dropped precipitously since the spring of 2004.
Pour faire dans la citation à l'emporte-pièce, on pourrait dire qu'un(e) guérillero est un(e) ancien pacifiste dont la famille a été torturée et tuée.

Comme dans le narco-state Afghan, les US sont déterminés à conserver leur emprise sur le pays à n'importe quel prix. Les FARC-EP payent donc un prix assez lourd (quoique incomparable avec les Afghans à la marksmanship très inférieure et leur 4 millions de morts)... et on subis des revers militaires à haute valeur symbolique ces dernières années - cadres tués lors de raids, etc. Ils ont réduit leur "voilure", ne mobilisant plus que 10 000 combattants actuellement.

Résumé :
  • Défense : oui (FARC-EP), non (le reste de la population)
  • Syndrome C.A. : oui..
  • False flag : en quelques sorte - les médias occidentaux ont tendances à attribuer les massacres de  syndicalistes (commis par les AUC) aux FARC-EP, pour leur tailler un costume de "terroristes marxistes sans pitié" (alors que les syndicalistes etc sont les principaux alliés des FARC tandis qu'ils sont les cibles ouvertement désignées des AUC dont ils reçoivent régulièrement des menaces de mort).
  • Résultat : Package Deal "Producteur" - culture de la coca et transformation de la cocaïne. La région contrôlée par les FARC-EP tente d'atteindre le stade 3 (paysans non-vulnérables) malgré l'extrême difficulté et le "eye in the sky" guettant le moindre feu de camp et le moindre signe de vie... Les paysans qui vivent en dehors de la zone d'influence des FARC n'atteignent même pas le stade Moyenâgeux et subissent les cravates colombiennes, tortures, massacres, ou (au mieux) fuite et dépossession de leurs terres. À l'heure actuelle il n'existe pas de "troisième voie" significative, le choix se porte donc entre une guérilla qui suit les idées communistes (pas exactement libertaires, donc), et le "mixeur à viande" narco-étatique.


Afrique



Rwanda, 1994

Situation similaire au Congo, mais au lieu d'un conflit de longue durée le pays a fait face à un génocide sur quelques semaines ; lorsque l'avion du président a été abattu (probablement par des services français), le "Hutu power" a capitalisé sur "radio 1000 collines" et les dizaines de milliers de machettes pour massacrer 800 000 Tutsis. Bien illustré par le film "Hotel Rwanda", dans lequel on voit que les seuls Tutsis qui n'ont pas vécu un enfer sont ceux, rares, qui avaient des AKM et savaient les manier.

Toute l'aide du monde n'aurait pas permis aux Hutus de tuer près d'un million de Tutsis, si ces derniers avaient été armés et compétents au tir. Seulement voilà, le décret-loi No. 12, 1979 a mis en place un enregistrement des armes et munitions, a imposé de "justifier" son besoin de posséder une arme, et instauré un régime confiscatoire.


Afrique du Sud

La victoire de l'ANC de façon relativement peu violente (avec e.g. son iconique et charismatique figure de proue Nelson Mandela) est parfois montrée en exemple comme un succès de la non violence, la supposée inutilité de se défendre physiquement : selon cette théorie, se défendre sur le terrain des "idées" serait suffisant, nul besoin de recourir à la force... Quand vous subissez la ségrégation raciale, les emprisonnements et exécutions arbitraires, il vous suffit de trouver une figure charismatique, la laisser se faire mettre en prison, espérer que la communauté internationale montrera les dents et imposera un embargo à vos geôliers  attendre une ou deux décennies  et voilà - victoire! Votre figure charismatique sortira un jour de prison, et sera votre président.

On voit ce qu'il en est aujourd'hui avec une société aux inégalités plus aiguës même que dans une république bananière, qui massacre ses mineurs par dizaines, maintenant au bord de l'explosion. De même que pour le "printemps arabe", lorsque l'on "gagne" la partie par un simple retrait tactique de l'adversaire, on ne gagne rien du tout.

 

Moyen-orient (ou MENA et Asie centrale)



Palestine/Liban/Syrie

Le Liban a fait les choses dans le désordre en voulant être la "Suisse du moyen-orient", avant d'avoir les moyens (marksmanship citoyenne) de défendre cette richesse. Dans les années 80 la "Suisse du Moyen-orient" (qui n'avait rien de Suisse, donc, question défense) a été renvoyée à l'age de pierre par l'armée israélienne, les quartiers chics de Beyrouth transformée en ruines, les gratte-ciels qui faisaient sa fierté démolis jusqu'aux fondations.

Le Hezbollah renverse la tendance après avoir chassé les Marines de Beyrouth en 1984 et surtout avec sa montée en puissance dans les années 1990 (faisant penser à une "montée de la marksmanship Shi-ite", à contraster avec la consistante et permanente incompétente Sunnite de l'époque) ; il assure même, pour la première fois, une certaine puissance de dissuasion contre les attaques israélienne, surtout depuis la mini-guerre de 2006 où il a infligé des pertes inédites à l'IDF (plus de 100 soldats israéliens tués) sans même faire appel à ses réservistes - donc avec seulement 3 000 de ses combattants pour faire face aux 30 000 soldats de l'IDF... Exemple illustrant (une fois de plus) que défendre un territoire est bien plus facile que l'attaquer. Les autres communautés libanaises (chrétiens, maronites ..etc) ne semblent guère avoir progressé (cf ces exemples de "combattants" qui n'épaulent même pas lors du tir).

Coté Palestinien, les sémites (descendants d'Abraham, etc) à Gaza et en Cisjordanie sont rangés de façon consistante dans les rangs des victimes. De la Nabka jusqu'à Sabra et Chatila, les civils vulnérables (sans défense, même) ont payé un prix bien plus lourds que les palestiniens combattants, mais ceux-ci aussi comptent bien plus de victimes que les autres guérillas de la planète, plus compétentes.

Coté Syrien, le pays souffre de la même répartition ethnico-religieuse que l’Irak  issue de l'ère coloniale : au lieu d'une minorité sunnite baasiste dirigée par Saddam Hussein dominant une majorité Shi-ite, le pouvoir syrien est aux mains d'une minorité shi-ites allaouite baasiste dirigée par Bachar-al-asad dominant divers groupes sunnites, etc. Le ressentiment populaire est à priori moins fort qu'en Irak, la marksmanship de l'armée bien plus grande que la pathétique armée irakienne, mais (et c'est un gros "mais") les armes sont bien moins répandues dans la population. Même en Irak chaque famille avait un AKM à coté de la porte... Même avec toute l'incompétence du monde, dans cette configuration l'on est au moins capable d'abattre quelqu'un qui franchit la porte pour vous tuer vous et votre famille, ce qui refroidit beaucoup de velléités génocidaires. Rien de tel en Syrie où si l'on en croit le bilan humain croissant, la plupart des gens sont nus comme des vers, au point que les moudjahidins insérés, soutenus et armés par les occidentaux (voir l'article de Préparation Quebec) ont le champ libre pour massacrer des familles (voire des villages allaouites) entiers et faire porter le chapeau à leur allié, le gouvernement allaouite (!). Le pouvoir syrien apprend dans la douleur que son armée et sa police ne peuvent être partout pour défendre ses partisans, si ceux-ci sont désarmés il peuvent trépasser sans témoin. En ce sens il est difficile d'être optimiste sur les perspectives de la Syrie à se défendre.

Résumé :
  • Posture défensive : non..
  • Syndrome Crécy-Agincourt : oui..
  • False flag mis en oeuvre contre adversaire : oui, lors de la guerre du Kippour/ramadan, la marine israélienne attaque le USS Liberty, tuant plusieurs dizaines de marins étazuniens ; conforme à son leitmotiv ("by way of deception, thou shalt do war") Israël tente de couler ce navire et de prétendre que "c'est les méchants zarabes qui ont fait le coup". L'opération échoue, ce qui n'empêche pas la guerre d'avoir lieu - mais Israël doit agir seul, sans le soutien ouvert étazunien.
  • Résultat : conflit interminable depuis 1948, qui devra attendre l'ère post-carbone pour se stabiliser.



Maroc, 1933

La population d'aujourd'hui fait pale figure comparée à la résistance berbère d'avant guerre. Histoire: la bataille de bougafer, une épopée à jamais mémorable :
Les autorités françaises de l’époque sont rentrées au Maroc,  officiellement dans le but de pacifier le sud marocain (..) C’est le 13 février 1933 qu’une bataille éclata, dans une montagne appelée “Bougafer”, entre la résistance berbère et l’armée française (..) Elle dispose d’une armée de 83.000 hommes surarmés (..) 44 avions de guerre (..) artillerie de gros calibre. Le groupement qui s’abrite dans le Saghro compte, lui, environ 800 familles. Les guerriers disposent, tout au plus de 2000 fusils. Des fusils d’artisanat. Des “Moukkouhla”. Ils allaient se retrouver à un contre 40 face à l’armée coloniale. De toutes les guerres connues, les femmes, n’ont jamais joué un rôle aussi prééminent et admirable que pendant la guerre de Bougafer. Elles assuraient les arrières, préparaient les vivres et les munitions, (..) défiaient les mitrailleuses braquées sur les points d’eau en allant y remplir leurs cruches (..) Après quarante deux jours d’enfer, les Français ont perdu 3500 hommes dont 10 officiers. Les résistants, eux, ont perdu 1300 combattants. Parmi les victimes, il y a eu beaucoup d’enfants, de femmes et de vieillards. (..) malgré la situation difficile, voire intenable, la reddition ne se fera que par la négociation. Le 25 mars 1933, (..) Oubaslam dicte ses conditions. Le général Huré les accepte. C’est la paix des braves.
Il ne reste à peu près rien de ce savoir-faire aujourd'hui dans le pays.

Résumé : la marksmanship c'est le contraire d'une pile... Ça s'use quand on ne s'en sert pas.


"Printemps arabe", Tunisie/Egypte/Lybie

Pour ceux qui manquent d'imagination (et surtout de connaissance de l'Histoire) il semblait difficile d'imaginer pire que les dictatures de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Egypte (avec Moubarak classé "dictateur le plus riche de la planète" avec $70 milliards).. mais le "printemps arabe" de 2011 est en train de prouver qu'il existe bien pire, d’accélérer la spirale de la pauvreté et de la dégradation de la condition féminine, avec la Sharia gagnant du terrain dans les pays concernés. Les partisans des supposées "révolutions pacifiques" de 2011 sont maintenant silencieux, devant le spectacle qui s'offre à nous : on droit à une version accélérée de l’Afrique du sud. Ici il n'aura fallu que 1 ou 2 ans pour montrer que le changement de pouvoir obtenu "par défaut" mène à la désintégration, tout autant que si la dictature avait continué.

Résumé : une fois encore, lorsqu'un changement de régime est obtenu par les actions d'une minorité armée, ou même obtenue sans réelle supériorité armée que ce soit, on ne peut parler de "victoire". On ne fait que reculer l'inévitable.


Narco-state "heroïne" : Afghanistan

L'Afghanistan est à l'opium/pavot/héroïne ce que la Colombie est à la feuille de Coca et la cocaïne : le producteur principal, et donc un enjeu stratégique majeur. À noter qu'il est aussi premier producteur mondial de haschich.

Le secret de polichinelle (voir aussi "Narco-state cocaine : Colombie") sur les bénéficiaires de l'argent de la drogue se vérifie ici comme ailleurs : le pavot étant quasi-inexistant avant l'invasion soviétique, s'est développé avec les mudjahidines et l'Alliance du Nord soutenue par Oncle Sam, avait périclité avec l'arrivée des fondamentalistes Talibans dans les années 90, et comme le notent depuis 2001, année après année, sans relâche  les rapports de l'O.N.U., la culture du pavot (précurseur de l' héroïne  a atteint des sommets sans précédents depuis la récolte de novembre 2001. De fait, même les fondamentalistes Talibans ont dû recourir à l'argent du pavot pour financer leur combat, tout comme les rebelles marxistes de l'autre narco-state, la Colombie.

Contrairement à la Colombie, la marksmanship est rare en Afghanistan. Le combattant typique est un berger qui n'a pas accès à des lunettes de vue pour corriger sa myopie - non non, même pas au premier prix de chez Afflelou, même en solde. Pour celui qui a la chance d'avoir 10/10 à son oeil directeur, il sait rarement évaluer une distance, régler la hausse de son Lee-Enfield ou AKM, corriger pour l'incidence/pente et faire un "lâcher" dans les règles, tous des ingrédients nécessaire au tir en montagne à forte incidence et/où pour les distance d'engagement en terrain ouvert.

Cela explique que malgré l'histoire valeureuse des combattants afghans (histoire qui a valu à leur pays le sobriquet de "graveyard of empires", le cimetière des empires, après leur victoire contre l'URSS, la Grande Bretagne, etc), leur défense de plus de dix ans contre une offensive/occupation menée par une vraie armée de marksmen, se solde par un match nul. (ce qui, il est vrai, compte pour une défaite de l'envahisseur). Cela explique aussi le terrible bilan humain :
The official account of the events of September 11, 2001, has been used: - to justify the wars in Afghanistan and Iraq, which have resulted in the deaths of millions of people; 1

See: “January 2010 – 4.5 Million Dead in Afghan Holocaust, Afghan Genocide.” Dr. Gideon Polya, “Iraqi Holocaust:  2.3 Million Iraqi Excess Deaths,” March 21, 2009.
D'autant plus que le monde occidental est depuis longtemps passé du stade colonialiste au stade exterministe. J'en veux pour exemple cette vidéo.. "C'est pas le pied, la guerre ??" montre des pieds nickelés de l'armée française farting, snorting, cat-calling their way to an afghan village où ils sont engagés par des tirs de provenance indéterminée qui les obligent à rester à couvert... Et appellent alors une frappe aérienne avec une "JDAM", rasant la totalité du village avec les familles (dont des enfants, dont la présence a été confirmée auparavant) se trouvant à l'intérieur.

Résumé:
  • Défense : oui (hommes), non (femmes)
  • Syndrome Crécy-Agincourt : non (hommes), oui! (femmes) (ou peut-être devrait-on parler de Syndrome de Bayard).
  • False flag infligé par ennemi : oui (Operation Vigilant Warrior).
  • Résultat : des millions de morts (cumulés) depuis 2001, à cause d'une marksmanship très moyenne, confrontée à une féroce volonté des occidentaux de s'accrocher à leur second narco-state. La qualité des combattants n'est pas seule en cause : leur quantité n'est que 50% de ce qu'elle pourrait être, la société afghane étant une des plus misogynes de la planète. Le régime pro-russe en place jusqu'en 1979 avait des femmes ministres dans son gouvernement, et les femmes accédaient bien sûr aux postes de docteur, etc ; Oncle Sam n'avait eu alors aucun mal à mobiliser une partie de la société afghane contre cet état de fait, et avec une aide financière et sous forme d'armement et l'afflux de leurs alliés djihadistes, les US avaient facilement déstabilisé le gouvernement laïque et le peu de gens qui le soutenaient véritablement, entraînant une intervention de l'armée russe de dix ans qui s'était soldée par un désastre. On ne peut pas construire une société durable et équilibrée sur des bases pareilles.



Iran : Démocratie, Shah, Guerre Iran-Irak

Dans les années 50, l'Iran a ouvre le bal des coups d'état d'après-guerre de la CIA dans une opération conjointe avec le MI6 britannique  baptisée Opération Ajax. Le premier ministre Mossadegh d'alors joue le rôle que Allende servira plus tard. Le régime prenant sa place, celui du Shah, fait alors régner la terreur avec sa police secrète, la SAVAK. Guidée par des instructeurs de la CIA, la SAVAK fait preuve d'imagination pour torturer les dissidents ("they used cattle prods in body orifices"). Une nouvelle révolution en 1979 installe l'Imam Khomeiny et son islam misogyne  L'Amérique de Ronald Reagan réagira en encourageant l'Irak à déclarer la guerre à l'Iran. L'Irak, dont les combattants sont de piètres tireurs (cf dessous) et en grosse infériorité numérique, sont soutenus à bout de bras par les USA, avec de l'intel (photos satellites des mouvements ennemis), des hélicoptères, des gaz de combat et autres armes chimiques.

Saddam Hussein accueille Donald Rumsfeld, envoyé spécial du Président Ronald Reagan, à Baghdad le 20 décembre 1983 [gwu.edu]

Donald Rumsfeld joue alors les V.R.P., vendant à Saddam Hussein le gaz Sarin etc utilisés contre les vagues humaines iraniennes et accessoirement contres des villages kurdes (l'une de ces attaques menant à la mort de 5000 kurdes) et qu'il lui sera ensuite reproché de posséder lors des guerres du golfe de 1991 et 2003 (les esprits chagrins/ironiques auront alors beau lieu de faire remarquer, "les USA sont bien placés pour savoir que l’Irak a des armes chimiques - ils ont gardé les factures").

De nos jours, Oncle Sam hésite toujours à envahir l'Iran, malgré la valeur des réserves pétrolières iraniennes (juste derrière l’Irak  et ses réserves de gaz naturelles (les secondes de la planète, derrière uniquement la Russie). Il faut dire que l'invasion de l'Irak, un pays à l’incompétence au tir remarquable, a été un véritable arrachage de dent d'une demi-décennie et un gouffre financier... Il est difficile d'imaginer à quel point ce serait pire contre un pays plus de deux fois plus peuplé, montagneux, ethniquement unifié, et - il faut le dire - dont la marksmanship semble infiniment meilleure même si peu démocratisée, sans compter qu'avant même de faire parler la poudre à l'infanterie il faudrait déjà accéder au terrain : contrairement à l’Irak et son niveau technologique tiers-mondiste, l'Iran possède des technologies quasiment comparables à celles de l'ancien Pacte de Varsovie. Assurer la suprématie aérienne (sans laquelle l'armée US ne sait pas opérer) n'irait pas du tout de soi.


Irak : Guerre(s) du Golfe

C'est ici que l'on peut différencier la possession d'armes et la marksmanship : il y a une raison pour que cet article classe les pays selon la marksmanship (possession de carabine PLUS le savoir-faire qui va avec) et non pas juste leur possession d'armes : un exemple frappant est cette engagement entre une compagnie de soldats irakiens et 3 opérateurs SOCOM, qui se solde par un score de... 167 à zéro pour les opérateurs.

Un tel niveau d'incompétence aurait des conséquences graves en temps normal... Combiné au terrain (désertique, très défavorable à la défense) il mènerait à une défaite non seulement cuisante, mais rapide... S'il est en plus combiné à un ennemi qui n'a pas de limites et ne se sent lié par aucune convention (Genève, Hague ou autre), on passe au niveau supérieur.
Parmi les conséquences, terribles, on est impressionné par l'effet des obus de A-10 Warthog et de M1 Abrams (contenant de l'uranium appauvri DU235) sur le patrimoine génétique des irakiens, qui amène les femmes à accoucher de monstres. On trouvera une montagne d'infos sur le sujet dans cette longue, très longue page. Encore une fois, ce n'est pas une page à lire avant un repas... Mais il est primordial de savoir à quoi l'on s'expose si l'on se met en situation de vulnérabilité.

À noter que coté marksmanship ça s'améliore, y compris dans la population féminine :


Ironiquement l'Irak va surement s'aligner solidement avec l'Iran (Shi-ites), et ce grâce aux USA.

Résumé :
  • Défense : incompétente.
  • Syndrome C.A. : oui, non pas sur la possession d'armes mais sur l'enseignement de la marksmanship.
  • False flag : +/- (Operation Vigilant Warrior, George W. Bush affirmant que Saddam était "complice" de Ben La Douenne et de la mort de 3000 new-yorkais).
  • Résultat : une marksmanship très faible, un environnement désertique parfait pour l'aviation, les tanks et les thermal scopes, la farouche volonté occidentale de s'approprier le maximum de pétrole maintenant que l'on entre dans l'endgame pétrolier, tout cela explique les 2 millions de morts et les millions d'exilés, soit dans les 10% de la population initiale de 22 millions d'habitants.


CONCLUSION

 

Marksmen, ou bourreaux/victimes

À moins d'être frappé de cécité, il est difficile de ne pas voir les choses en face : le fait d'être victime de violence intra-nationale (contamination type Fukushima, Tien-an-men, cravate colombienne...), le fait d’être victime de violence inter-nationale (massacre type Nankin, contamination au DU235...), la quasi totalité des violences subies sont corrélées à la vulnérabilité. Et la vulnérabilité est l'apanage de ceux qui ne maîtrisent ni la marksmanship ni la triade du combat.

Avec les millions de victimes qu'elles causent immédiatement, ces violences imposent - en plus - un "ordre" mondial basé sur la consommation pétrolière et la fission atomique qui auront des conséquences encore plus graves : le changement climatique anthropogénique peut s'emballer (y compris le possible scénario "Vénus"), les 440 réacteurs nucléaires sont autant de risques de meltdown (y compris sa version "syndrome chinois").

Comme le montrent les photos d’Afrique en guerre, il n'y a rien qui détruit une société autant que lorsque chaque famille perd la guerre contre la vulnérabilité. Si votre groupe perd une guerre 'totale' et que votre sécurité est entre les mains des "alpha" [Ndlr : cf. Rues Barbares], il abdique aussi son contrôle de l'eau, de la nourriture, de son humanité même - il n'y a alors plus de garde-fou entre votre famille et la déchéance totale.


Si cela sert les intérêts de ceux qui vous ont envahi (ou qui vont ont défendu contre un envahisseur, et réclament alors paiement pour service rendu - hé oui, la marksmanship ne vaut que si elle est entre VOS mains), vous échapperez peut-être à ce sort. Peut-être serez vous simplement esclaves - c'était en tout cas le modus operandi avant le pic pétrolier, quand l'abondance des ressources le permettait. Si vous leur apparaissez comme des "bouches inutiles", ce sera Abu Ghraib ou le Zyklon B ou les vautours.

Suffrage universel : "faites le à Julia!"
Marksmanship universelle : "si vous tentez de toucher Julia vous ne toucherez plus jamais personne".

Si vous avez l'éducation et l'opportunité, vous serez peut-être livré au pire de tous les destins : devenir assistant-bourreau, redéfinir le 'patriotisme' comme un exterminisme ciblant les faibles... pourvu qu'il ne vous prenne pas pour cible, vous. "Do it to Julia!". Sans compter la participation aux cinq minutes de la haine, les mantras type "the arabs did it, let's kick their ass and take their gas" (l'équivalent moderne du "2+2=5" imposé à Winston Smith) ou encore "quatre pattes bien, deux pattes mieux !".

L'histoire montre que le seul garde-fou qui marche remarquablement bien contre ces extrêmes, c'est la marksmanship universelle, et les autres composants de la triade du combat.

La Suisse (en tant que marks(wo)man) ou le Soudan (en tant que bourreau ou en tant que martyr).

Le choix vous appartient.

-Oslik

[Bravo si vous avez réussi à tout lire dans les détails ! Sachez qu'avoir une carabine et savoir s'en servir au combat ne suffit pas pour réduire considérablement notre vulnérabilité. Sans l'esprit critique, la vigilance et la volonté de ne pas se faire marcher dessus, on finit rapidement du côté des collabos - dont le sort, une fois le conflit terminé, est fort peu enviable. À lire aussi : De la propriété privée des armes]

1 commentaire:

  1. article touffu, ardu... il aurait certainement mérité d'être développé pour une meilleure compréhension. Mais il a le mérite d'être concis, et surtout passionnant. J'ose espérer que tout n'est pas vrai, mais je crains que si...

    En tout cas, la manipulation politico/médiatique est une chose bien partagée quelque soit le pays où l'on vit.

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